Les Clés du Succès de Mme Nahla Bou Diab dans la Gestion Mondiale, l’Autonomisation des Femmes, et l’Innovation au Sein de la Banque AM
COO , AM Bank et responsable du Groupe de la diversité des genres pour l’Union mondiale des banquiers arabes – Liban
plus de 40 ans d’expérience en gestion à l’échelle mondiale, Mme Nahla Bou Diab partage son parcours remarquable, du Canada au Liban, et nous dévoile les clés de son succès dans la restructuration d’organisations et son engagement en faveur de l’autonomisation des femmes. Plongeons dans cet entretien captivant, Mme Bou Diab nous livre ses perspectives sur l’innovation, les défis liés au genre dans le secteur financier, et ses initiatives novatrices pour créer un environnement de travail sain et épanouissant à la Banque AM.
Pouvez-vous partager avec nos auditeurs et auditrices votre parcours et comment vous avez atteint votre poste actuel de directeur des opérations de la banque AM et responsable de l’autonomisation des femmes pour l’Union mondiale des banquiers arabes ?
Avec plus de 40 ans d’expérience en gestion de haut niveau à l’échelle mondiale, j’ai dirigé la restructuration d’organisations au Canada, notamment ma contribution à celle de la Banque centrale du Canada . Après avoir déménagé au Liban en 1997, j’ai initié les services de conseil en gestion pour Ernst & Young Liban et restructuré avec succès Virgin Megastore. Pendant une décennie, j’ai partagé mes connaissances en « Gestion du changement » en tant que professeur à l’Université américaine de Beyrouth.
Titulaire d’un doctorat de l’Université de Liverpool pour ma recherche sur la « Spiritualité dans l’organisation », j’ai élaboré un cadre commercial novateur, traduit en une méthodologie étape par étape pour garantir le succès des institutions. En 2000, j’ai rejoint AM BANK avec pour objectif de démontrer l’impact culturel sur la résilience organisationnelle. En tant que mentor actif chez Endeavor, je consacre bénévolement mon temps à soutenir les PME. En qualité de PDG d’« Oneness », je guide les individus dans la transition du mode survie au mode création. En tant que responsable de la diversité des genres pour l’Union mondiale des banquiers arabes, j’ai introduit la première charte pour la diversité des genres dans le monde arabe, approuvée par l’OCDE en juin 2020.
Étant la première femme à occuper votre titre au Liban, quelles ont été les difficultés que vous avez rencontrées pour surmonter les barrières liées au genre dans le secteur financier ?
Tous les leaders, hommes et femmes, ont une grande influence sur leurs organisations et ils doivent «guérir» de leurs émotions négatives, sinon ils transmettront ces sentiments indésirables à leurs organisations à travers leur comportement. Je pense que tant les hommes que les femmes luttent pour se libérer de la pression sociale, et je refuse de me voir comme confrontée à des défis plus difficiles que les autres. Nous sommes des êtres humains motivés par nos peurs et nos émotions.
Ces craintes et émotions se manifestent différemment chez les hommes et les femmes. Ma solution a été de faire face à la barrière sans colère et avec la compréhension que toutes les barrières liées au genre sont motivées par la peur et non par de mauvaises intentions. Une fois que nous comprenons cela, nous ne percevrons pas les barrières et les défis comme des expériences difficiles. Au contraire, nous assumerons la responsabilité de réduire la peur qui alimente la discrimination et les obstacles. Nous passerons du sentiment de victimisation à celui de devenir les guérisseurs de ceux qui infligent de la douleur aux autres. C’est là que réside le pouvoir des femmes !
Tant que vous n’autorisez pas les barrières à créer de la colère en vous, vous êtes le gagnant.
Comment définissez-vous l’innovation dans l’industrie bancaire, et quel rôle pensez-vous qu’elle joue dans le succès des institutions financières ?
L’innovation est une capacité naturelle de l’être humain, elle est le fondement de la réussite organisationnelle. Sans elle, l’organisation vieillira et perdra toute son énergie. Sans innovation, il n’y a pas de vie, il y a stagnation et immobilisme, et ces caractéristiques illustrent la mort ! Les institutions financières peuvent être une force motrice de l’innovation, mais elles doivent comprendre que le système organisationnel réprime leur capacité d’innovation.
Il faut mettre davantage l’accent sur la culture pour raviver et stimuler le pouvoir des individus au sein de l’organisation. Lorsque cela est fait, l’innovation émerge naturellement, sans effort.
Pouvez-vous partager des exemples d’initiatives ou de stratégies innovantes que vous avez mises en œuvre à la banque AM pour rester en tête dans un paysage financier en constante évolution ?
L’innovation ne se limite pas aux produits et services, elle est au cœur de l’organisation. Rappelez-vous que la culture de l’organisation stimule l’innovation. Nous en sommes très conscients et avons investi beaucoup de temps et d’efforts pour prendre soin de notre culture et nous appuyer sur celle-ci pour stimuler des processus et des solutions innovantes.
L’innovation au niveau organisationnel a commencé par le fait que nous sommes la seule structure horizontale dans l’industrie bancaire dans le monde, cela signifie agilité et innovation, et nous avons reçu des récompenses internationales qui reconnaissent cette réalisation.
Nous innovons également dans nos processus internes et nos prises de décision, transformant l’organisation en un moteur de productivité qui favorise la créativité et la résolution rapide des problèmes. Nous innovons avec notre culture, en réussissant à créer une culture d’unité qui renforce le lien entre les employés et l’organisation, comme en témoigne la fidélisation de nos meilleurs performants, malgré un environnement externe difficile.
Comment priorisez-vous et favorisez-vous le bien-être des employés, et quelles initiatives avez-vous introduites pour promouvoir un environnement de travail sain et favorable à la banque AM ?
Nos collaborateurs occupent la place centrale de nos préoccupations, car ils constituent le cœur même de notre organisation. Le fondement de notre réussite organisationnelle réside dans les liens que nous tissons avec nos membres, reconnaissant que les individus ont besoin de se sentir soutenus, protégés et en sécurité. Cet objectif est réalisé à travers des politiques organisationnelles qui mettent en avant le soutien et la flexibilité. Chacun doit être assuré que, face à des situations personnelles difficiles, l’organisation sera présente à ses côtés.
Nous avons également lancé un programme de bien-être très unique qui enseigne aux employés les principes de la physique quantique, des neurosciences et d’autres disciplines dans le but d’activer leur force intérieure et de leur permettre d’utiliser leurs pensées pour se trouver dans un état émotionnel positif.
Les témoignages résultant de ce programme étaient émouvants, car nous avons vu des personnes améliorer leur vie familiale, gérer leurs problèmes personnels de manière positive, et créer un lien puissant entre nos employés et nos managers.
En tant que responsable de l’autonomisation des femmes pour l’Union mondiale des banquiers arabes, pourriez-vous partager vos perspectives sur la situation actuelle de la représentation et de l’autonomisation des femmes dans le secteur bancaire à travers le monde arabe ?
Les femmes n’ont pas besoin d’être autonomisées, et c’est pourquoi nous avons changé le nom de notre groupe pour «Diversité des genres au niveau exécutif». Elles ont besoin d’activer leur pouvoir intérieur, et une fois cela accompli, elles s’élèveront et libéreront leur puissance au sein de l’organisation, favorisant ainsi la collaboration, l’agilité et l’innovation. À cette fin, je suis heureuse d’annoncer que nous venons de lancer un programme unique visant à libérer le pouvoir intérieur des femmes.
Le programme se divise en deux parties. La première partie prépare les femmes à se libérer de tout bagage négatif qu’elles ont enduré et à transformer ces expériences en formidables apprentissages et opportunités. Dans la deuxième partie, les femmes reçoivent une méthodologie étape par étape qui leur permet de transformer leur leadership et la culture organisationnelle en une culture d’unité, favorisant la rétention des talents, la collaboration, l’agilité et l’innovation !
Hommes et femmes s’élèveront ensemble en se percevant comme deux composantes d’une même entité !
Le programme débute par le premier atelier. La réussite de cet atelier qualifie les participants pour postuler à un programme de certification en leadership et culture d’unité (LCOC), qui les fera évoluer vers un tout nouveau niveau de leadership.
Quelles initiatives ou stratégies préconisez-vous pour encourager davantage de femmes à occuper des postes de direction dans le secteur financier ?
En premier lieu, il est essentiel de guider les femmes dans l’activation de leur pouvoir. Une fois cette étape franchie avec succès, les organisations rivaliseront pour attirer les femmes aux postes de direction, désireuses de tirer profit de cette puissance nouvellement révélée. Il est impératif de déconstruire les sentiments de victimisation et d’illustrer aux femmes comment transformer les épreuves qu’elles ont traversées en une force transformatrice pour leurs organisations et, ultimement, pour le monde. Le programme Leadership and Culture for Oneness (LCOC) a reçu l’approbation officielle de l’Union mondiale des banquiers arabes, et surtout, il contribue aux objectifs de développement social des Nations Unies.
C’est une étape décisive qui prépare les femmes et les organisations à un succès jamais encore atteint.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes professionnels, en particulier aux femmes, qui aspirent à atteindre des postes de direction dans l’industrie bancaire et financière?
L’aspect crucial que vous devez maîtriser est de vous assurer de ne pas être conditionné par le concept de victimisation. Vous ne devenez jamais une victime à moins que vous ne choisissiez délibérément ce rôle. Vous possédez une puissance intérieure que vous n’avez pas encore découverte, une puissance que les mots peinent à décrire, mais que vous devez ressentir pour en comprendre l’ampleur.
Gardez à l’esprit que les organisations ont besoin de votre contribution, et malgré toute injustice à laquelle vous pourriez être confrontée, ne laissez pas les émotions négatives envahir votre cœur. Recherchez constamment les leçons dans chaque expérience et considérez ces moments comme des opportunités d’apprentissage qui vous doteront des connaissances nécessaires pour apporter une contribution significative au monde, mais cela n’arrivera que si vous décidez de les accepter.
Looking back at your career, are there specific lessons or experiences that you believe have been instrumental in shaping your leadership style?
Avec le recul, si j’avais eu connaissance à l’époque de ce que je sais aujourd’hui, je n’aurais pas enduré de souffrances. C’est précisément pourquoi je souhaite encourager les femmes à transformer leur perspective ; il n’est pas indispensable de souffrir, car la souffrance résulte uniquement de l’interprétation que vous donnez à la situation que vous traversez.